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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

La vie éternelle (7) - Difficulté de concilier miséricorde de Dieu et damnation éternelle

La difficulté pour certains de concilier miséricorde de Dieu et damnation éternelle

 

Certains laissent entendre et même affirment clairement, à l’encontre de l’enseignement de Jésus et de l’Église, que Dieu qui est Amour, qui peut tout et qui ne veut pas qu’aucun de ces petits ne se perde (Mt 18, 14) ne peut permettre que personne puisse connaître la damnation éternelle. Le problème de ces personnes est qu’elles perçoivent la peine de l’enfer comme une sanction, une punition, auquel cas un Dieu dont l’amour est infini ne pourrait pas ne pas se laisser émouvoir devant la perte irrémédiable d’une de ses créatures et surseoir à l’exécution du jugement. Pour justifier leur position, ils présentent les affirmations de Jésus sur la damnation éternelle comme des épouvantails destinés à nous faire peur pour nous inciter à vivre le plus correctement possible et donnent en exemple, pour appuyer leur vision, que Dieu a déjà renoncé par le passé à l’exécution d’un châtiment lorsqu’il a gracié les Ninivites parce qu’ils s’étaient détournés de leur conduite mauvaise (Jon 1-4).

 

Au plan technique nous noterons à la base qu’utiliser l’Ancien Testament pour réfuter une affirmation du Nouveau constitue un contre-sens car la Révélation de Dieu a été en s’affinant dans le temps, Dieu se révélant davantage et plus précisément au fur et à mesure que progressait l’histoire du salut, Jésus Christ, par sa vie, son enseignement et l’envoi de l’Esprit de vérité donnant à la révélation son dernier achèvement (Dei Verbum 4). De plus, on ne peut imaginer Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie (Jn 14, 6) et qui nous a dit : « Que votre langage soit: Oui? Oui, Non? Non » (Mt 5, 37) puisse présenter comme une situation de fait et à plusieurs reprises l’existence de la géhenne de feu où plusieurs se retrouveraient alors qu’il ne s’agirait là que d’un concept théorique destiné à nous faire peur. Enfin, le récit du livre de Jonas est tout à fait cohérent avec l’ensemble de la Révélation puisque Dieu a renoncé au châtiment prévu parce que les Ninivites se sont repentis de leur vivant, pendant le temps de grâce accordé à tout homme pour développer sa capacité d’aimer en vérité en accueillant et redistribuant l’amour. 

 

Pour comprendre la peine de l’enfer, de la géhenne de feu, il faut comprendre la nature du feu dont il est question. Il ne saurait être question du feu terrestre qui ne peut avoir d’effet sur de purs esprits. Il s’agit donc d’une analogie similaire à celle de la déclaration de Jésus : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé! » (Lc 12, 49). Quand Jésus a dit cela il ne pensait pas à un feu qui physiquement embraserait la terre consumant sa surface à la manière d’une gigantesque explosion nucléaire. Le feu dont il était question était l’amour et l’Esprit d’Amour qu’il nous enverrait après qu’il soit retourné vers le Père. Je pense que quand Jésus parle du feu de la géhenne il parle du même feu de l’amour. Comment est-ce possible ? Dieu est à la fois Amour et omniprésent. On ne peut imaginer une partie du monde visible ou invisible qui puisse échapper à la présence de l’Amour et c’est justement la présence de l’Amour de Dieu qui est cause de souffrance à la manière de la brûlure d’un feu pour ceux dont le cœur a été trouvé irrémédiablement fermé à l’Amour au moment de rendre leur dernier souffle. Nous pouvons comparer l’âme à une vitre, Dieu à un soleil et son amour aux rayons de ce soleil. Les élus, ceux qui sont dans le Royaume, sont comme des vitres parfaitement transparentes, sans aucune tache, vitres qui laissent passer les rayons de l’amour de Dieu à travers elles sans altération comme ils ont coopéré à rendre leur cœur capable de laisser passer l’amour de Dieu à travers eux en le répandant autour d’eux. Inversement, ceux qui ont refusé de laisser transformer leur cœur de pierre en cœur de chair par l’Esprit d’Amour, « Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau: j'extirperai de leur chair le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair » (Éz 11, 19), et qui ont joui égoïstement de la vie, ceux-là se sont rendus aussi opaques que la pierre aux rayons de lumière de l’amour de Dieu et ces derniers, comme les rayons de soleil pour une surface opaque, les échauffent au point de ressentir une douleur semblable aux brûlures d’un feu. C’est encore le même feu d’amour qui agit dans le Purgatoire, échauffant les impuretés qui empêchent la vitre de l’âme d’être totalement transparente à l’amour de Dieu, mais cette fois avec l’espérance que ce feu fasse disparaître en les brûlant les imperfections qui empêchent l’amour de Dieu de circuler librement à travers elle pour qu’elle rejoigne éventuellement le rang des élus.

 

Bien que ciel, purgatoire et enfer soient d’abord des états de l’âme rendue en l’autre vie, nous pouvons penser que ceux  qui partagent un même état se retrouve dans le même « lieu » en raison de l’amour de Dieu. La peine des damnés et de ceux en attente serait d’autant plus grande s’ils voyaient le bonheur des élus. Inversement, le bonheur des élus serait altéré par la vision des souffrances de ces frères dont ils se sentaient solidaires mais qu’ils n’ont pu contribuer à sauver en raison du libre choix exercé par ces derniers. Une âme transparente de l’amour de Dieu qui se retrouverait en enfer ne ressentirait pas le feu de l’amour de Dieu comme une brûlure mais un froid glacial en raison de la désespérance qui est le lot de ceux qui sont confinés en cet endroit. Jésus confirme l’existence de « lieux » distincts dans la parabole du riche et de Lazare alors qu’Abraham dit au riche qui se retrouve dans l’Hadès en proie à des tortures : « entre nous et vous un grand abîme a été fixé, afin que ceux qui voudraient passer d'ici chez vous ne le puissent, et qu'on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous » (Lc 16, 23.26).

 

Enfin, on dit que la situation est tellement claire au moment de vérité qui succède la mort que ce serait l’âme elle-même qui d’elle-même se rendrait à la destination qui est sienne. Cela est tout-à-fait compatible avec la notion d’état et que ce n’est pas le lieu qui est cause de souffrance mais bien la résistance à l’amour de Dieu qui cause un échauffement s’apparentant à une brûlure et que se retrouver au mauvais endroit aggraverait la peine, ou, dans le cas des élus, porterait atteinte à leur bonheur.

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